Haïti : Une économie étranglée par la violence d’État

 






Haïti enfonce chaque jour un peu plus dans la misère. En juin 2025, l’économie nationale est en chute libre, pendant que l’État continue de faire semblant d’agir. Résultat : la population meurt de faim, les services s’effondrent, et les gangs règnent en toute impunité.


En effet, aucune activité économique durable n’est possible dans un pays où les routes sont coupées par des groupes armés, où les marchés sont abandonnés, et où la peur remplace l’investissement. Pendant ce temps, le gouvernement privilégie un « budget de guerre », alors que les hôpitaux ferment, les écoles sont vides et les travailleurs fuient.

D’un côté, la communauté internationale multiplie les annonces d’aide. Le 5 juin 2025, le Programme Alimentaire Mondial (PAM) a lancé un appel d’urgence de 46 millions de dollars pour nourrir 2 millions de personnes. Déjà en avril, l’organisation avait évalué ses besoins à 53,7 millions USD pour six mois.

De son côté, la Banque mondiale a approuvé, le 4 mars 2025, une enveloppe de 320 millions USD pour renforcer les institutions haïtiennes, créer des emplois, et soutenir les services de base. À cela s’ajoute, selon un communiqué du gouvernement haïtien daté du 28 avril 2025, la mobilisation de 209 millions USD de financements extérieurs. Et depuis plusieurs mois, les États-Unis ont promis 200 millions USD pour soutenir la mission de sécurité, plus 100 millions en aide humanitaire. Mais alors, où va tout cet argent ? Qu’est-ce qui change concrètement dans la vie des citoyens ? Rien. L’argent reste bloqué dans les circuits de l’administration ou détourné par des réseaux opaques.

Par ailleurs, la faim s’installe comme une nouvelle norme. Le PAM confirme que 5,7 millions d’Haïtiens vivent en insécurité alimentaire sévère. Pire encore, 8 500 personnes sont en « Phase 5 », c’est-à-dire en situation de famine extrême. Sans accès aux routes, aucune distribution massive n’est possible.

Selon la CEPALC, l’économie haïtienne se contractera encore en 2025, à hauteur de -0,5 %. Le FMI, plus optimiste, prévoit +1,5 % de croissance si la sécurité s’améliore, ce qui reste hautement improbable dans les conditions actuelles. En réalité, le pays fonctionne sous perfusion. L’agriculture est asphyxiée, le commerce paralysé, l’espoir enterré. Les élites, elles, négocient postes, élections, privilèges, pendant que le peuple enterre ses morts.



En dépit des millions débloqués le pays reste à genoux. Ce n’est pas le manque de ressources qui étrangle le pays, mais l’effondrement de la volonté politique, l’absence d’institutions crédibles, et le règne de l’impunité. Le peuple haïtien n’a plus besoin de rapports, de chiffres ou de conférences. Il attend la fin du mépris. Il demande justice, sécurité, respect. À défaut de réponses, ce ne sont pas seulement les finances publiques qui sombreront, mais l’idée même de nation qui risque de disparaître.Alors, si ce système ne profite ni à l’État ni au peuple… à qui profite le chaos ? Et si le chaos n’était pas une défaillance… mais une stratégie pour garder un peuple sans droits, sans voix, et sans force collective ?

ANBA KAYIMIT

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