Haïti/Politique : Peut-on vraiment faire le bilan du vide ?


Depuis quelques semaines, certaines voix appellent à faire le « bilan » du Conseil Présidentiel de Transition (CPT), comme si ce Conseil avait été investi d’un véritable mandat populaire. Mais que peut-on réellement mesurer quand rien n’a été construit ? Quels objectifs avaient-ils ? Quelles promesses ont-ils faites au peuple ? Peut-on faire le bilan d’un vide ?


Tout commence le 12 avril 2024, quand le Premier Ministre de facto, Michel Patrick Boisvert, publie l’arrêté présidentiel créant le Conseil Présidentiel de Transition. Ensuite, le 25 avril 2024, les neuf membres du CPT sont officiellement installés au Palais National dans un climat d’improvisation, sans discours clair, sans plan d’action communiqué à la nation. Et depuis ? Rien. Ou presque.


Le coordinateur, Edgard Leblanc Fils, ancien président du Sénat, peine à incarner une direction forte. Les autres membres — Fritz Alphonse Jean, Louis Gérald Gilles, Smith Augustin, Emmanuel Vertilaire, Régine Abraham, Leslie Voltaire, plus deux représentants du secteur privé — semblent plus préoccupés par les négociations internes que par les urgences nationales.


En mai 2024, une crise éclate au sein même du Conseil : une faction menée par Smith Augustin et Emmanuel Vertilaire tente de désigner unilatéralement Fritz Alphonse Jean comme président du CPT, sans consultation, sans vote. Cette manœuvre, dénoncée par Régine Abraham comme une « tentative de prise de pouvoir illégitime », provoque une rupture interne majeure. Un Conseil censé assurer la transition démocratique se retrouve à la dérive, incapable de fonctionner (Anba Kayimit, Le CPT déjà divisé).


Dans le même temps, le pays s’enfonce dans la violence. Port-au-Prince devient la ville la plus violente du monde en 2024. Les quartiers populaires — Fort National, Cité Soleil, Delmas 6, Tabarre, Carrefour-Feuilles — sont le théâtre de massacres réguliers. À Léogâne, une opération policière tourne au drame. À Cap-Haïtien, un scandale de corruption éclate à l’aéroport. Et face à cela, le CPT multiplie… les communiqués. Le pays souffre, mais le Conseil semble déconnecté (Anba Kayimit, Guerre contre les gangs, tensions diplomatiques et montée de la violence).


Aucune décision structurante. Aucun projet de sécurité nationale. Aucune action visible sur les questions de justice, d’éducation, de vie chère ou d’élections. Pire : des ministres boycottent les réunions du Conseil de Gouvernement (Anba Kayimit, Le Conseil de transition annonce la finalisation de l’accord politique).


Soyons clairs : le CPT n’a jamais été un outil de changement réel. Il a été conçu comme un compromis politique, un paravent pour maintenir l’illusion d’un retour à la stabilité. Mais ce que la population vit, c’est le chaos, l’insécurité, la faim, l’exil forcé.


Alors, à défaut de bilan officiel, posons-nous une question essentielle : Qu’allons-nous faire, nous, peuple haïtien, pour ne plus jamais laisser notre avenir entre les mains de ceux qui n’ont aucun projet pour nous ? C’est à nous de définir nos priorités : Sécurité. Dignité. Justice. Travail. Souveraineté. Et c’est à nous de mettre la pression, non pas seulement pour faire tomber des dirigeants, mais pour construire une nouvelle culture politique, radicalement différente de cette transition sans cap. Parce que l’avenir d’Haïti ne peut plus être une éternelle transition.  Il doit devenir une transformation.




Références thématiques

  • Mise en place et structure du CPT

  • Arrêté du 12 avril 2024 instituant le Conseil Présidentiel de Transition (disponible sur le site du Moniteur haïtien ou via des médias comme Le Nouvelliste)

  • Article de Le Nouvelliste (25 avril 2024) : “Le Conseil présidentiel de transition officiellement installé au Palais national”

  1. Tensions internes et crise de leadership

  • AlterPresse – mai 2024 : “Le CPT déjà divisé : tentative de désignation unilatérale de Fritz Alphonse Jean”

  • Ayibopost – mai 2024 : “Transition bloquée : les luttes intestines minent le Conseil présidentiel”

  • Le Nouvelliste – 27 mai 2024 : “Conflits internes au CPT : des membres dénoncent une dérive autoritaire”

  1. Insécurité généralisée

  • ONU – rapport trimestriel sur Haïti (juin 2024) : mentionnant Port-au-Prince comme la ville la plus violente au monde

  • AlterPresse – mai 2024 : “Violences armées à Fort National et Delmas 6 : au moins 80 morts en une semaine”

  • Le Nouvelliste – 20 mai 2024 : “Massacre silencieux à Carrefour-Feuilles : les familles abandonnées”

  • Le Monde Afrique – mai 2024 : “Haïti : une transition sous le feu des gangs”

  1. Affaires de corruption et dysfonctionnements

  • Haïti24 – 15 mai 2024 : “Scandale à l’aéroport du Cap-Haïtien : arrestation d’un responsable pour détournement de fonds”

  • Rezo Nòdwès – 10 mai 2024 : “Des ministres boycottent le Conseil de Gouvernement : la transition en péril”

  1. Réactions internationales et perspectives

  • Reuters – fin mai 2024 : “Les États-Unis préoccupés par la lenteur de la transition politique en Haïti”

  • CARICOM Today – avril-mai 2024 : “CARICOM appelle à un calendrier clair et des objectifs concrets pour le CPT”

Dossiers  publiés par Anba Kayimit 

  1. “Haïti/Politique : Le Premier Ministre Garry Conille ne boudera plus les invitations du CPT”
      

  2. “Haïti/Politique : Le Conseil de transition annonce la finalisation de l’accord politique”
     

  3. “Haïti : Les défis politiques, sociaux et sécuritaires en début de mois de décembre 2024”
      

  4. “Haïti : Guerre contre les gangs, tensions diplomatiques et montée de la violence malgré l’annonce du budget de sécurité”
     

ANBA KAYIMIT

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