Synthèse des grands titres
de l'actualité haïtienne
du 20 au 27 avril 2025
Depuis avril 2024, Haïti est plongé dans une crise sécuritaire de plus en plus grave, avec des gangs qui prennent le contrôle de villes clés comme Carrefour et Kenscoff, imposant leur pouvoir sans opposition des forces de l'ordre. L'inefficacité des autorités et le manque de réponse coordonnée ont amplifié la violence, tandis que des actes extrêmes, tels que l'enrôlement forcé d'enfants par les groupes armés, aggravent le chaos. En réponse, des programmes de réhabilitation pour les jeunes délinquants et des appels à un soutien international renforcé émergent comme des solutions possibles, mais la crise humanitaire, politique et économique demeure une menace constante pour l'avenir du pays.
SOCIETE
Carrefour sous la coupe de Kris-La: Depuis avril 2024, la commune de Carrefour est sous le contrôle total des gangs, avec Christ-Roi Chéry, alias Kris-La, imposant son autorité sans opposition des forces de l'ordre. Dans une note vocale largement diffusée sur les réseaux sociaux, il a dénoncé l'absence du maire Jude Edouard Pierre et appelé les habitants à prendre le contrôle de la mairie, menaçant d'y installer lui-même un magistrat. Pendant ce temps, Pierre, dont la maison est occupée par des bandits, continue de demander aux autorités un rétablissement urgent de l'ordre public
Centres pour jeunes à risque ouverts par l’IPCHR: Face à la montée alarmante de la violence armée impliquant enfants et jeunes, l’organisation International Police Chaplain Human Rights (IPCHR) a ouvert deux centres de réhabilitation à Martissant (Ouest) et aux Côteaux (Sud), offrant une alternative à la délinquance. Ces espaces accueillent des jeunes de 7 à 26 ans, leur proposant une formation professionnelle, un accompagnement psychosocial, une éducation à l’environnement et un encadrement spirituel. « Nous voulons leur tendre la main avant qu’il ne soit trop tard », affirme Jocelin Jean Charles, responsable de l’IPCHR, qui insiste sur l’urgence d’agir pour freiner l’enrôlement des jeunes dans des groupes armés. L’organisation, qui fête ses 69 ans, rappelle qu’elle n’est pas une force de l’ordre, mais une ONG engagée dans l’aumônerie, l’humanitaire et la défense des droits humains.
INSECURITE
Trois soldats tués à Kenscoff: Trois soldats des FAD'H ont perdu la vie à Kenscoff lors d’une embuscade tendue par des gangs armés, dimanche 20 avril dernier. Ce drame secoue la nation alors que l’insécurité continue de s’étendre. Dans un communiqué, le gouvernement s’incline devant la mémoire de ces militaires et réaffirme son engagement à restaurer l’ordre et reprendre le contrôle du territoire. Bocchit Edmond, ancien ministre et diplomate, appelle à la solidarité avec les forces de sécurité. Alors que les violences s’intensifient, la population attend des actions concrètes pour contrer cette menace qui pèse sur le pays.
Le gang de Canaan s’empare de Panic FM: Le gang de Canaan, dirigé par Jeff « Gwo Lwa », a pris le contrôle de la station Panic FM (97.5) à Mirebalais, le dimanche 20 avril. Rebaptisée « Taliban FM », la station diffuse désormais en continu des messages de propagande du chef de gang ainsi que des morceaux musicaux sélectionnés par lui. Cet acte marque une nouvelle étape dans l’emprise des gangs sur l’espace médiatique, suscitant une vive inquiétude parmi les professionnels de la presse et les défenseurs de la liberté d’expression.
Violents affrontements à Pacot: Des affrontements meurtriers ont éclaté à Pacot entre la Brigade communautaire du Canapé-Vert et les hommes armés du groupe Viv Ansanm. Le bilan provisoire fait état d’au moins quatre brigadiers tués, plusieurs blessés, et des pertes enregistrées parmi les assaillants, qui cherchent à étendre leur contrôle vers Canapé-Vert. Parmi les victimes figure le bras droit du chef de la brigade, tandis que ce dernier, connu sous le nom de Samuel, a échappé indemne à l’opération. Cet affrontement intense illustre l’escalade de la violence dans la capitale, où les brigadiers, soutenus par la police, tentent de contenir l’influence croissante des groupes armés. Face à cette situation, le silence des autorités haïtiennes suscite l’indignation, renforçant le sentiment d’abandon au sein de la population.
POLITIQUE
Vertilaire alerte sur le chaos sécuritaire :Dans une lettre datée du 3 avril 2024, Emmanuel Vertilaire, conseiller au Conseil présidentiel de transition, tire la sonnette d’alarme sur l’effondrement de l’ordre public en Haïti. Il met en lumière l’attaque meurtrière de Mirebalais et la prise de contrôle des gangs sur des zones clés comme Kenscoff et Carrefour-feuilles. Face à cette crise sécuritaire et à la montée des protestations populaires, Vertilaire presse le président du CPT, Fritz Alphonse Jean, de convoquer une réunion d’urgence. Il appelle à une réponse politique forte et coordonnée pour redonner espoir à une nation plongée dans le chaos.
Voltaire discute sécurité avec la PNH: Le Conseiller Président Leslie Voltaire a rencontré, ce samedi, le Directeur Général a.i de la Police Nationale d’Haïti (PNH), Rameau Normil, pour discuter des défis sécuritaires du pays. Accueilli à la Direction Générale de la PNH à Clercine, Tabarre, il était accompagné de plusieurs membres du Haut-Commandement de l’institution policière. Les échanges ont porté sur le renforcement des dispositifs de sécurité et la lutte contre l’insécurité, qui demeure une priorité nationale. Voltaire a également visité le Centre d’Opération des Blindés (COB) afin d’évaluer les ressources disponibles et les besoins urgents de la PNH. À l’issue de cette rencontre, un engagement a été exprimé pour intensifier les efforts sécuritaires et renforcer la collaboration entre les autorités et les forces de l’ordre.
RELATION INTERNATIONALE
Washington appelle à un soutien global pour Haïti: Lors d’un briefing au Conseil de sécurité de l’ONU le 21 avril 2025, les États-Unis ont exhorté la communauté internationale à renforcer son soutien à Haïti, confrontée à une crise sécuritaire et humanitaire alarmante. L’ambassadrice américaine Dorothy Shea a averti que Washington ne pouvait plus assumer seul le poids financier de la réponse internationale, appelant à une mobilisation coordonnée et efficace. Elle a souligné la détérioration rapide de la situation, marquée par des violences extrêmes et l’enrôlement d’enfants par les gangs, entravant le travail des équipes du BINUH sur le terrain. Réaffirmant l’appui des États-Unis à la mission dirigée par le Kenya pour renforcer la Police nationale haïtienne, elle a également salué la position de la CARICOM, qui condamne fermement les tentatives de déstabilisation des institutions haïtiennes et appelle à une action internationale immédiate.
La Chine critique l'ingérence américaine en Haïti: Lors d’une séance du Conseil de sécurité de l’ONU tenue le 21 avril, le représentant chinois a vivement critiqué les États-Unis, les accusant d’être à l’origine des instabilités politiques et sécuritaires en Haïti. Pékin a dénoncé l’ingérence américaine, affirmant que Washington impose sa volonté en soutenant des gouvernements de transition jugés illégitimes, tout en évitant les conséquences de ses interventions passées. La Chine a également pointé du doigt l’échec des missions onusiennes précédentes, notamment celles appuyées par les États-Unis, qu’elle considère comme ayant aggravé le chaos plutôt que d’apporter des solutions durables. Pékin perçoit la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS), dirigée par le Kenya, comme un instrument d’influence au service des intérêts américains.
48 femmes enceintes expulsées de R.D. :Les autorités dominicaines ont procédé à l’expulsion de 135 Haïtiens, dont 48 femmes enceintes, dans des conditions dénoncées comme brutales et inhumaines par plusieurs ONG et organisations de défense des droits humains. Selon des témoignages, certaines femmes ont été arrêtées alors qu’elles recevaient des soins médicaux dans des centres de santé dominicains. Le Groupe d’Appui aux Rapatriés et Réfugiés (GARR) a documenté l’arrivée de ces expulsés à la frontière de Belladère, soulignant les risques graves pour leur santé et leur sécurité. Cette politique migratoire ciblant les femmes enceintes alimente les tensions entre Haïti et la République dominicaine, suscitant une vague d’indignation au sein de la communauté internationale.
ECONOMIE
Accord BID-Haïti pour le développement 2025-2030 :Le gouvernement haïtien et la Banque interaméricaine de développement (BID) ont officialisé, le 21 avril 2025, un accord visant à coordonner le Plan de développement 2025-2030 du pays. Paraphé en marge des réunions de printemps du FMI et du Groupe Banque mondiale, le protocole engage la BID à soutenir Haïti dans le renforcement de son économie, notamment à travers des investissements structurants et une coopération élargie avec des partenaires internationaux. Signé par Alfred Metellus, ministre haïtien de l’Économie et des Finances, et Ilan Goldfajn, président de la BID, cet accord marque une nouvelle étape vers la stabilisation et la relance du pays.
Saisie d’un camion de contrebande à Ouanaminthe: L’Administration Générale des Douanes (AGD) a intercepté, le 23 avril 2025, un camion suspect près de la rivière Massacre, à Ouanaminthe, dans le cadre de la lutte contre la contrebande. Lors de l’inspection, les agents ont découvert plusieurs articles dissimulés sous du sable de rivière, dont un cyclomoteur, des onduleurs et des batteries. Cette opération s’inscrit dans une série de mesures visant à renforcer la surveillance aux frontières et protéger l’économie nationale face aux trafics illégaux. L’AGD réaffirme son engagement à moderniser ses procédures et à collaborer étroitement avec les institutions nationales et internationales pour contrer ce fléau.
JUSTICE
Nouveau tribunal établi à Jacmel : Le gouvernement haïtien a annoncé, ce 22 avril 2025, la publication officielle de l’arrêté du 14 avril portant sur l’établissement du Tribunal de Première Instance de Jacmel. Cette nouvelle juridiction, destinée aux habitants du Sud-Est, vise à pallier les lourdeurs administratives et désengorger les tribunaux existants, offrant ainsi un accès plus rapide et efficace à la justice. Inscrite dans une démarche de modernisation et de décentralisation du système judiciaire, cette initiative entend renforcer la confiance de la population envers les institutions et garantir une meilleure protection des droits fondamentaux.
L’ex-ministre Nader lié à un réseau armé: Un rapport accablant de la Direction Centrale de la Police Judiciaire (DCPJ), publié le 23 avril 2025, place l’ancien ministre des Travaux Publics, Joacéus Nader, au centre d’un vaste réseau criminel. Désigné comme un acteur clé du groupe armé Viv Ansanm, Nader est directement lié à Ezequiel Alexandre, alias “Ze An”, un criminel notoire récemment évadé, impliqué dans le trafic d’armes et les kidnappings à grande échelle. Les enquêteurs affirment que Nader lui-même a facilité une opération d’échange d’otages contre rançon entre Ze An et Magalie Habitant. Alors que Viv Ansanm pourrait être prochainement qualifié d’organisation terroriste internationale, ces révélations mettent en lumière l’influence des réseaux criminels sur les sphères politiques haïtiennes, alimentant des soupçons d’impunité et de complicité au sein des institutions judiciaires.