Haiti: Elections, violences des gangs et instabilité politique.


Depuis les 30 dernières années, Haïti a été marqué par une escalade de la violence des gangs, en particulier lors des périodes d’instabilité politique. À maintes reprises, ces pics de violence ont coïncidé avec des événements électoraux, créant un cercle vicieux où l’insécurité compromet la tenue des élections, et les retards ou les fraudes électorales alimentent l’instabilité.

 

1994 : La transition d’Aristide et l’Insécurité croissante

Après le retour de Jean-Bertrand Aristide au pouvoir, après trois ans d’exil en 1994, soutenu par les États-Unis. Haïti a connu une explosion de  violence. Les gangs, déjà actifs dans certains quartiers de Port-au-Prince, ont profité des tensions politiques pour intensifier leurs actions, rendant la réalisation des élections locales et législatives encore plus compliquées. Le gouvernement a dû se tortiller entre les pressions internationales pour organiser des élections et la nécessité de rétablir l’ordre dans un contexte de violence endémique.

 

2004 : La chute d’Aristide et l’ascension des gangs

La démission forcée de Jean-Bertrand Aristide en 2004, suite à une rébellion armée et à une pression internationale, a plongé le pays dans une nouvelle ère de violence. Le départ du président a laissé un vide de pouvoir que les gangs ont rapidement exploité. Port-au-Prince est devenue un champ de bataille, avec des quartiers entiers sous le contrôle de groupes criminels. Cette situation d’insécurité a retardé la tenue des élections présidentielles et législatives. Ce n’est qu’en 2006 que ces élections ont eu lieu. La violence des gangs a cependant continué à peser sur la stabilité du pays.

 

2010 : Le séisme et le chaos politique

Le tremblement de terre dévastateur de 2010 a empiré  la crise sécuritaire en Haïti. Le chaos qui s’en est suivi a permis aux gangs d’étendre encore plus leur influence, notamment dans la capitale. Malgré ce contexte de crise, des élections présidentielles et législatives ont été organisées en novembre 2010. Cependant, l’insécurité a entaché le processus électoral, avec des accusations de fraude et une incapacité à garantir la sécurité des bureaux de vote. Michel Martelly a été élu président en 2011.

 

2015-2017 : Elections contestées et recrudescence de la violence

En 2015, Haïti a organisé des élections présidentielles et législatives qui ont été marquées par des allégations de fraude. Les violences électorales ont entraîné un prolongement du processus jusqu’en 2016. Cette période a également vu une augmentation des activités des gangs, en particulier en 2015, où des luttes de pouvoir entre différents groupes criminels ont conduit à une recrudescence des enlèvements et des meurtres. Finalement, Jovenel Moïse a été élu président en 2017. Les manifestations contre l’inflation et la corruption au cours de cette même année ont contribué à l’intensification des activités criminelles, exacerbant l’insécurité.

 

2021 : L’assassinat de Jovenel Moïse et l’exacerbation des violences

Le 7 juillet 2021, l’assassinat du président Jovenel Moïse a plongé Haïti dans une profonde crise politique et sécuritaire. Un vide de pouvoir s’est installé, permettant aux gangs d’étendre davantage leur contrôle sur environ 60 % de Port-au-Prince. Les discussions sur la tenue d’élections présidentielles et législatives pour remplacer Moïse ont été bloquées par la montée des violences, alors que les gangs attaquaient des infrastructures publiques et intensifiaient les enlèvements. L’insécurité généralisée a rendu pratiquement impossible l’organisation d’un scrutin.

 

2023 : L’empreinte des gangs sur le  processus électoral

En 2023, les gangs contrôlaient environ 80 % de Port-au-Prince, déjà en 2022 un article du blog #anbakayimit  intitulé “Haïti/Insécurité : Port-au-Prince pris en étau par les gangs armés”, a détaillé la situation à Port-au-Prince, où les conflits entre gangs pour le contrôle de territoires stratégiques ont conduit à des blocages et à des déplacements massifs de population. Le sud de la capitale était coupé de la région du Grand Sud, aggravant la crise humanitaire. On pouvait voir clairement leur implication dans le processus politique. Certains gangs jouent un rôle actif dans la manipulation des élections, en intimidant des électeurs ou en contrôlant des zones de vote. Cette prise en main du processus électoral a contribué à un cycle où la violence et la politique deviennent indissociables empêchant ainsi toute tentative d’organisation d’un scrutin crédible.

 

2024 : Une montée inquiétante de l’insécurité

Le premier trimestre de 2024 a été particulièrement violent, avec environ 2 500 personnes tuées ou blessées dans des violences liées aux gangs. Alors que les discussions sur la tenue d’élections présidentielles et législatives se poursuivent, les attaques des gangs contre des infrastructures et les cibles civiles ont continué d’entraver les efforts pour organiser un scrutin crédible. Le gouvernement, soutenu par la communauté internationale, tente de restaurer la sécurité, mais la tâche reste colossale face à l’emprise des gangs sur la capitale et plusieurs régions.

 

 Ce timeline sur l’histoire récente d’Haïti montre un lien inquiétant entre les périodes électorales et les pics de violence des gangs. Chaque fois que le pays s’approche d’une échéance électorale importante, l’insécurité s’aggrave, les gangs exploitant le vide de pouvoir et les tensions politiques pour renforcer leur contrôle. Cette dynamique a créé un cercle vicieux où l’insécurité empêche la tenue d’élections crédibles, tandis que l’absence de processus électoral renforce encore davantage l’instabilité politique, facilitant l’ascension des gangs.

 

HR


ANBA KAYIMIT

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