Haïti/Opposition : "Entente Politique de la Transition", un pas prometteur dans la mobilisation pour exiger la démission du président Jovenel Moïse.
Sur l'initiative de la Passerelle, plusieurs structures de l'opposition ont été invitées à prendre part à une table de concertation depuis le 8 novembre dernier. Il aura fallu 48 heures à l’opposition pour trouver un accord quasi-unifié autour de la gestion de la présidence après la démission souhaitée de Jovenel Moïse. Durant ces deux jours, des militants ont investi l'hôtel Marriott pour mettre la pression sur les participants afin de faire passer leur voix dans la concertation.
Sous pression, les acteurs politiques, à l'exception du parti politique Fanmi Lavalas, se sont mis d'accord sur le mode de gouvernance de la transition, sa durée, l’organe qui sera chargé de contrôler le président provisoire et le programme détaillé qui sera remis aux personnalités qui assureront la transition. En effet, l'Alternative Consensuelle pour la Refondation d’Haïti, bien avant la tenue de la table de concertation, avait mis en garde contre un dialogue sans fin et avait menacé de faire cavalier seul au cas où les acteurs de l'opposition ne trouveraient pas un accord.
Le parti Fanmi Lavalas, suite à son désaccord sur qui assurera la présidence, a fait savoir à travers une note de presse datée du 9 novembre 2019 qu'il reste conséquent à sa position de ne pas reconnaitre Jovenel Moïse comme president d'Haïti car il ne l'a jamais reconnu comme tel et profite pour preciser que sa divergence sur le comment remplacer Jovenel Moïse n'altera pas sa mobilisation contre le président inculpé et le système. Fanmi Lavalas rejette toute idée de retrait dans la mobilisation a un moment où le départ de Jovenel Moïse est si proche.
Ce dimanche 10 novembre 2019, les acteurs politiques ont signé le document intitulé "Entente Politique de la Transition". En plus des représentants de Mache Kontre, Alternative Consensuelle pour la Refondation d’Haïti, Opposition Institutionnelle, Fowòm Patriyotik Papay, Bloc Démocratique pour le Redressement Naional, deux représentants de la société civile, un autre acteur a insisté pour parapher aussi ce document. Il s'agit d'un representant des militants.
Cet accord devra permettre la reprise de la mobilisation dans tout le pays car cette semaine le dernier calendrier de l'opposition n'a pas pu etre respecté du fait qu'une partie de la population se questionnait sur l'efficacité de la mobilisation. Et l'opposition était accusée de ne pas avoir de position concertée. Ainsi cette concertation facilitera les synergies, l'anticipation des difficultés et l' envie d'agir.
En conclusion, l'Entente Politique de la Transition est une étape precieuse qui vient d'être franchie dans la mobilisation. Elle est aussi très prometteuse car il a été démontré dans plusieurs pays que lorsque l'opposition se concerte, elle arrive le plus souvent à atteindre ses objectis. Prenons le cas du Senegal lors des elections de fevrier 2000 et du Kenya en 2002. Autre exemple, en Tunisie "le parti était prêt à un compromis dans une certaine mesure, mais ce qui l’a véritablement décidé à démissionner ce sont les efforts concertés de tous les éléments de l’opposition laïque. Dans un pays de l’après-“ printemps arabe”, c’est une évolution sans précédent." (Tunisie.Une victoire pour l’opposition laïque, Faisal Al-Yafai, 30 septembre 2013)
Henri-Robert PIERRE-LOUIS
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