Haïti va à la dérive et cela ne date pas d'aujourd'hui. Bien avant la crise actuelle, les clignotants s'affolaient : l'inflation était à plus de 18% - 3.6 millions de nos soeurs et frères vivaient en situation d'insécurité alimentaire ( Cf. Coordination Nationale pour la Sécurité Alimentaire CNSA )- L'insécurité battait son plein - Le gallon de gazoline se vendait au noir à 1500 gourdes - La corruption tolérée, etc.
Cette situation criante ne preoccupait pas le gouvernement et a eu pour conséquence la grogne populaire. Laquelle mobilisation ayant conduit à une crise de gouvernabilité.
En effet, durant ces deux mois écoulés, le gouvernement a fait face à une mobilisation où la population a exprimé son raz-le-bol à travers leurs révendications. Acculé, le président Jovenel Jovenel Moïse, perdant le contrôle du pays, a fait le choix de défendre la durée de son mandant au lieu d'adresser les besoins des familles haïtiennes. Toutefois, le 1er octobre dernier, il avait vaguement annoncé des "réponses à apporter aux besoins urgents de la population en matière de sécurité."
Pour commencer, le président Jovenel Moïse a réduit le nombre de ministre et nommé de nouveaux fonctionnaires (délégué, directeur departemental PNH, etc.) Ensuite, il a mis sur pied une commission présidentielle pour conduire les discussions afin de trouver une solution à la crise. Il a aussi pris la parole plusieurs fois pour dire qu'il ne partira pas du pouvoir et informer la population qu'il veut combattre le système en commençant par supprimer certains contrats passés avec Sogener - E-Power - Haytrac. Il a également demandé une aide alimentaire aux États-Unis. Et finalement, il a mis sur pied, à travers le CSPN, une cellule pour enlever les barricades. Toutes ses manoeuvres politiques, selon des analystes politiques, n'ont d'autre objectif que de se repositionner sur l'échiquier politique.
Il est trop tôt pour dire si le gouvernement a repris le contrôle du terrain. Ce qu'on peut constater, c'est la routine gouvernementale qui revient durant le début de la neuvième semaine. Une semaine qui donne l'impression d'un calme apparent. Deux décisions ont été prises au cours de ces derniers jours :
1 Un réajustement salarial
2 Une mise en garde du MENFP contre les écoles qui réclameraient de l’argent aux parents pour un service non fourni.
Certains voient dans ces actions une stratégie pour donner l'apparence que la vie reprend.
En envoyant ces signaux, le gouvernement Moïse/Lapin compte manipuler l'opinion publique et trouver le support de la population. Pourtant certaines critiques ont été émises par des observateurs qui voient un manque de jugement dans le réajustement salarial. Selon eux, c'est rien de significatif du fait qu'avec la dépréciation de la gourde les familles ne pourront pas faire face à la vie chère car entre temps le taux d'inflation est passé à 20% et le chômage à 66%. Concernant la mise en garde contre certaines écoles, le gouvernement ne priorise pas la reprise des classes, ce qui traduit la prise de conscience de l'incapacité des autorités étatiques à garantir le droit à l'éducation. En gros des mesures qui ne tiennent pas compte de la réalité.
En conclusion, le gouvernement n'a tiré aucune leçon de sa mauvaise gouvernance il fait montre de la même incapacité à satisfaire les besoins sociaux de base de la population. Ils ont fait de travers ce que repète à maintes reprises le président Jovenel Moïse :.. transformer cette crise en opportunité. Avec ces mesures mal fagotées, ils vont devoir gérer de nouvelles révendications.
Henri-Robert PIERRE-LOUIS
Henri-Robert PIERRE-LOUIS
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