Haïti/Politique : Mobilisation anti-Jovenel, retour à la case de départ ou la poursuite de la mobilisation.



Après plus de deux mois de mobilisation contre le pouvoir en place, l'opposition n'a pas réussi à obtenir la démission du président Jovenel Moïse. Ce dernier, affaibli, tente en vain de calmer la colère populaire tandis que les conditions d'existence  se détériorent. Malgré les appels au dialogue de la communauté internationale et spécialement des États-Unis d'Amérique, la crise semble enlisée et aucune issue n'est à l'horizon. Craignant le pire, L'Organisation des Nations Unies a dépêché en Haïti, l'ambassadrice des États-Unis auprès de l'ONU, madame Kelly Dawn Knight Craft, pour informer les protagonistes des nouvelles décisions des États-Unis d'Amérique et les Nations Unies dans le cadre de la solution à la crise haïtienne.

Lors de la visite de l'ambassadrice Kelly Craft en Haïti,  elle a rencontré avec des acteurs concernés par la crise haïtienne. Suite aux différentes rencontres organisées, des tweets de l'Ambassade des États-Unis d'Amérique à Port-au-Prince et de madame Kelly  Craft, et un point de presse du bureau de presse et de diplomatie publique permettent de comprendre ceci :
- L'ambassadrice Kelly Craft a mis les protagonistes face à leurs obligations. Ils n'ont pas d'autre choix que d'entamer un dialogue pour trouver une issue à la crise. 
L'opposition semble ne pas avoir de problème, mais a fait valoir leur position de principe "on ne traverse pas un fleuve de sang pour aller négocier..." (André Michel). Elle doit retourner sur L'Entente Politique de la Transition pour qu'elle soit plus inclusive, et ce, avec la participation d'autres partis comme le PHTK.
Parallèlement, le gouvernement doit changer de cap en mettant l'accent sur la lutte contre la corruption, l'impunité et autres... Donc, toujours la même position de la communauté internationale.

Pour beaucoup d'observateurs, cette feuille de route met une fin à la mobilisation populaire et donne un sursis au président Jovenel Moïse. D'ailleurs, en se mettant d'accord avec ces directives pour une issue à la crise qui secoue le pays, d'un côté l'opposition repart vers une nouvelle base consensuelle avec une plus grande implication des acteurs de l'opposition dans le souci de trouver une synergie legitime capable de faire la différence dans un éventuel rapport de force avec le pouvoir. Aussi, il n'est plus question de ne pas s'asseoir avec le pouvoir car en revisant L'Entente Politique de la Transition avec la  participation d'autres partis politiques notamment le PHTK, c'est le début du dialogue. Donc, avec l'ouverture prochaine du processus de dialogue avec le pouvoir, il ne sera pas question de manifestation car l'opposition a intérêt à se montrer très démocrate aux yeux de la communauté internationale.

 D'un autre côté, le président Jovenel Moïse , véritable gagnant de cette feuille de route, se voit retourner à la case de départ où il a l'opportunité d'adresser les premières révendications auxquelles il a du faire face. Il a maintenant le temps de prendre des mesures pour repondre aux revendications populaires : lutte contre la corruption - enquête sur les violations des droits humains - poursuite contres les auteurs des violations - lutte contre le narco trafic - réalisation des programmes d'apaisement sociaux. Pour rappel, il a du faire face à des manifestations contre le "budget criminel"(2017), la "corruption"/mouvement des petro challengers exigeant le "procès petrocaribe", la "vie chère"(2018), la "fausse pénurie du carburant"(2019), et autres scandales de son gouvernement (DERMALOG, SOFIDAI, AGRITRANS, etc.)

La mobilisation populaire, s'il est vrai qu'elle connait une baisse d'intensité n'est pas pour autant finie car les problèmes qui l'ont donné naissance restent et perdurent. C'est dans ce nouveau contexte que la population va pouvoir évaluer ceux qui marchent à ses côtés. L'opposition va-t-elle accompagner la population dans l'expression de ses révendications ? Le président Jovenel Moïse va-t-il s'assurer que les institutions étatiques oeuvrent pour la satisfaction des besoins de base de la population ? Les acteurs politiques doivent sentir continuellement le poids du "regard social" partout où ils se trouvent. Maintenant, la population doit prendre son destin en main en continuant à réclamer leurs droits.


Henri-Robert PIERRE-LOUIS

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